Le BOEM

Saveur bleu Orient

Avec sa déco exotique et ses plats généreux aux parfums asiatiques,
le restaurant de David Blasco est la table en vogue d’Aigues-Mortes.

Il vient d’avoir 34 ans, il a d’abord tenté de trouver sa place dans le monde du cinéma, s’est replié en beauté sur la cuisine, son jardin secret, et, après une formation « dans le dur » (Plaza Athénée à Paris, les brasseries Bocuse à Lyon) a roulé sa bosse jusqu’en Australie, terre promise des fusions culinaires. Natif du Grau-du-Roi, David, plutôt discret, un brin sauvage, s’est épanoui à l’autre bout du monde et a pris très jeune les rênes du Wharf, la belle table du Théâtre de Sydney. De retour sur ses terres, il a longuement mûri ce projet de restaurant méditerranéen aux accents asiatiques et ouvert au printemps 2012 le Boem en bordure du canal aux péniches d’Aigues-Mortes.
Doux et réservé, le jeune graulen devenu globe-trotter n’est pas du genre expansif ou hâbleur. Mais on aurait tort de se fier aux apparences. David Blasco, en fait, est un jeune homme ambitieux et créatif qui a conçu au détail près la table dont il rêvait.

D’abord, la déco, subtil mélange d’influences asiatiques (Bali surtout) et bien de chez nous (genre cabanon de charme), ou même la bande-son en cohérence, créent une atmosphère originale, à la fois exotique et familière. Normal, c’est ce qu’il aime. Une fois le décor posé, place au spectacle, le vrai. MediterrAsian Food annonce l’affiche. Et là, c’est lui qui mène le bal avec son trio de choc depuis les coulisses de sa cuisine rutilante. Au fil des ans, et de plats inventifs, généreux, hauts en couleur, le Boem aux parfums d’orient s’est imposé en toutes saisons, à tous publics. Pas de hasard. David Blasco le discret est, en cuisine, créateur en liberté, capable même de pousser ses expériences jusqu’au baroque. Sans jamais perdre de vue les attentes de sa clientèle élargie. « Au départ, j’étais plus tourné vers les courants asiatiques et je me suis replié peu à peu sur les beaux produits ou les recettes d’ici, mais sans rien renier ». Il n’en dira guère plus. Pour mieux comprendre, c’est simple : à table ! Et comme on a pris soin de réserver (très conseillé), on teste son déjeuner d’un jour de semaine anodin où le Boem affiche une fois de plus complet.

Pour 21 €, on a le choix entre deux entrées, deux plats, deux desserts qui changent chaque jour. Selon le marché. Selon les intuitions du chef. Pas d’hésitation, on a tout goûté. C’était la bonne décision. Les nems (très) croustillants de chèvre frais sur salade aux raisins et pomme confite rivalisaient crânement avec le crémeux de butternut au gingembre parsemé de savoureux cubes de thon mi cuit. Le dos de cabillaud à la plancha avec pommes de terre rôties à la brandade lorgnait, intrigué, vers la ballottine de poulet farcie aux foies de volaille avec petits haricots verts et nouilles chinoises. Et impossible encore de départager le fondant au chocolat-glace noisette et le savarin exotique-glace lait de coco. Le jeune chef d’orchestre discret n’avait plus rien à rajouter. Tout venait d’être interprété en beauté. Du coup, forcément, on reviendra bientôt, cette fois en soirée (menu 38 €), pour partager encore un peu ses visions bleu orient. Peut-être sa bouillabaisse thaï ou ses nems de poulpe avec aïoli au gingembre. Ou alors ses ravioles de gambas et tourteau au curry, voire ce filet de bœuf sauce teriyaki sur girolles et céleri-rave.